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Apollon

Un poète aisément s’endort dans la mollesse.
L’abondance souvent, unie à la paresse,
Sèche sa veine et la tarit ;
Mais la nécessité réveille son esprit.

Mercure

Enfin, quel qu’ait été votre sort domestique,
Je viens, charmé de vos talents,
Vous demander une pièce comique,
De celles que dans Rome on vit de votre temps,
Pour savoir si le goût antique
Trouveroit à Paris encor ses partisans.

Plaute

J’en doute fort. Les caractères,
Les esprits, les mœurs, les manières,
En près de deux mille ans ont bien changé, je crois.
Et, par exemple, dites-moi,
À Paris aujourd’hui de quel goût sont les dames ?

Mercure

Mais… elles sont du goût des femmes.

Plaute

À Rome, de mon temps, libres dans leurs soupirs,
Elles ne trouvoient point l’hymen un esclavage ;
Et, faisant du divorce un légitime usage,
Elles changeoient d’époux au gré de leurs désirs.

Mercure

Oh ! Ce n’est plus le temps. Une loi plus austère
Fixe une femme au premier choix :
Elle ne peut avoir qu’un époux à la fois ;