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Scène XII


Albert

Albert

Seul, tenant une fiole.
J’apporte un élixir d’une force étonnante…
Mais je ne vois plus rien. Quel soupçon m’épouvante ?
Lisette ! Agathe ! Ô ciel ! Tout est sourd à mes cris.
Que sont-ils devenus ? Quel chemin ont-ils pris ?
Au voleur ! À la force ! Au secours ! Je succombe.
Où marcher ? Où courir ? Je chancelle ; je tombe.
Par leur feinte folie ils m’ont enfin séduit ;
Et moi seul en ce jour j’avois perdu l’esprit
Voilà de mon amour la suite ridicule.
Ah ! Maudite bouteille, et vieillard trop crédule !
Allons, suivons leurs pas ; ne nous arrêtons plus.
Traîtres de ravisseurs, vous serez tous pendus.
Et toi, sexe trompeur, plus à craindre sur terre
Que le feu, que la faim, que la peste et la guerre,
De tous les gens de bien tu dois être maudit ;
Je te rends pour jamais au diable qui te fit.