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La gloire est mon penchant, cette gloire inhumaine
À son char éclatant en esclave m’enchaîne.
Ce pauvre sexe meurt et d’amour et d’ennui,
Sans que je sois tenté de rien faire pour lui.
Plus de délais : je cours où la gloire m’appelle.
{{didascalie|À Crispin.}
Amène mes chevaux. L’occasion est belle ;
Partons, courons, volons.
Éraste parle bas à Agathe.

Crispin

à Albert.
Je ne la quitte pas,
Et suis prêt à la suivre au milieu des combats.
Albert surprend Éraste parlant bas à Agathe.

Eraste

à Albert.
J’examinois ses yeux. à ce qu’on peut comprendre,
Quelque accès violent sans doute va la prendre,
Lequel sera suivi d’un assoupissement :
Ordonnez qu’on apporte un fauteuil vitement.

Agathe

Qu’il me tarde déjà d’être au champ de la gloire !
D’aller aux ennemis arracher la victoire !
Que de veuves en deuil ! Que d’amantes en pleurs !
Enfants, suivez-moi tous ; ranimez vos ardeurs.
Je vois dans vos regards briller votre courage.
Que tout ressente ici l’horreur et le carnage.
La baïonnette au bout du fusil. Ferme ; bon :
Frappez. Serrez vos rangs ; percez cet escadron.
Les coquins n’oseroient soutenir notre vue.
Ah ! Marauds, vous fuyez ! Non, point de quartier ; tue.
Elle tombe comme évanouie dans un fauteuil.

Crispin