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Il faut savoir d’abord si dans la forteresse
Nous nous introduirons par force ou par adresse ;
S’il est plus à propos, pour nos desseins conçus,
De faire un siège ouvert ou former un blocus.

Eraste

Tu te sers à propos des termes militaires ;
Tu reviens de la guerre.

Crispin

En toutes les affaires,
La tête doit toujours agir avant le bras.
Ce n’est pas d’aujourd’hui que je vois des combats :
J’ai même déserté deux fois dans la milice.
Quand on veut, voyez-vous, qu’un siège réussisse,
Il faut, premièrement, s’emparer des dehors ;
Connaître les endroits, les foibles et les forts.
Quand on est bien instruit de tout ce qui se passe,
On ouvre la tranchée, on canonne la place,
On renverse un rempart, on fait brèche ; aussitôt
On avance en bon ordre, et l’on donne l’assaut ;
On égorge, on massacre, on tue, on vole, on pille :
C’est de même à peu près quand on prend une fille ;
N’est-il pas vrai, monsieur ?

Eraste

À quelque chose près.
La suivante Lisette est dans nos intérêts.

Crispin

Tant mieux. Plus dans la ville on a d’intelligence,
Et plus pour le succès on conçoit d’espérance.
Il la faut avertir que, sans bruit, sans tambours,