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Ils en auroient, parbleu, sur la tête et partout.
Si vous me choisissez pour prendre cette peine,
Je vous le dis tout net, votre espérance est vaine.
Je ne veux point tremper dans vos lâches desseins :
Le cas est trop vilain, je m’en lave les mains.

Albert

Sais-tu qu’après avoir employé la prière,
Je saurai contre toi prendre un parti contraire ?

Lisette

Pestez, jurez, criez, mettez-vous en courroux,
Vous m’entendrez toujours vous dire qu’un jaloux
Est un objet affreux à qui l’on fait la guerre,
Qu’on voudroit de bon cœur voir à cent pieds sous terre ;
Qu’il n’est rien plus hideux ; que Satan, Lucifer,
Et tant d’autres messieurs habitants de l’enfer,
Sont des objets plus beaux, plus charmants, plus aimables,
Des bourreaux moins cruels et moins insupportables,
Que certains jaloux, tels qu’on en voit en ce lieu.
Vous m’entendez. J’ai dit. Je me retire. Adieu.


Scène IV


Albert

Albert

seul.
Pour me trahir ici tout le monde s’emploie :
On diroit qu’ils n’ont pas tous de plus grande joie.
Lisette ne vaut rien ; mais, de crainte de pis,
Malgré sa brusque humeur, je la garde au logis.
Je ne laisserai pas, quoi qu’on dise et qu’on glose,
D’accomplir le dessein que mon cœur se propose.