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Scène II


Agathe, Lisette,Albert

Albert

a part.
J’ai fait dans mon château, toute la nuit la ronde,
Et dans un plein repos j’ai trouvé tout le monde.
Pour mieux des ennemis rendre vains les efforts,
J’ai voulu même encor m’assurer des dehors.
Grâce au ciel, tout va bien. Une terreur secrète,
En dépit de mes soins, cependant m’inquiète.
Je vis hier rôder un certain curieux,
Qui de loin, ce me semble, examinoit ces lieux.
Depuis plus de six mois ma lâche complaisance
Met à chaque moment en défaut ma prudence ;
Et pour laisser Agathe à l’aise respirer,
Je n’ai, par bonté d’âme, encor rien fait murer.
Ce n’est point par douceur qu’on rend sage les filles ;
Je veux, du haut en bas, faire attacher des grilles,
Et que de bons barreaux, larges comme la main,
Puissent servir d’obstacle à tout effort humain.
Mais j’entends quelque bruit ; et, dans le crépuscule,
J’entrevois quelque objet qui marche et qui recule.
Approchons. Qui va là ? Personne ne répond.
Ce silence affecté ne me dit rien de bon.

Lisette

bas.
Je tremble.

Albert

C’est Lisette : Agathe est avec elle.