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ACTE CINQUIÈME.



Scène I.

STRABON, seul.

Je suis tout confondu. Quelle étrange aventure !
Ma femme en ce pays, et dans cette figure !
La coquine aura su, par quelque ami présent,
Se faire consoler de son époux absent :
Mais elle n’aura pas plus longtemps l’avantage
D’anticiper les droits d’un prétendu veuvage.
J’ai fait réflexion sur son sort et le mien ;
Je ne veux point quitter des lieux où je suis bien.
Assez et trop longtemps un chagrin domestique
M’a fait souffrir les maux d’un exil tyrannique ;
Et puisque mon destin m’amène en ce séjour,
Je veux sur mes foyers demeurer à mon tour.
De me voir en ces lieux si mon épouse gronde,
Elle peut à son tour aller courir le monde.