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Isabelle

Je te suis trop obligée ; je t’assure que je me garderai bien moi-même.

Pierrot

Nenni pas, s’il vous plaît ; je ne me fie plus aux filles ; j’y ai été attrapé.

Isabelle

Comment donc ? Est-ce que tu entretiens commerce avec des filles ?

Pierrot

Bon ! Quand on est fait d’une certaine manière, on en a à revendre de cette marchandise-là. Une petite carogne me pria de lui donner un baiser. Dame ! Moi, il ne faut pas me le dire deux fois : 0je ne fus ni fou ni étourdi ; je m’approchai ; elle me donna un grand soufflet : depuis ce temps-là, j’ai bien juré que je n’en baiserois plus.

Isabelle

C’est très bien fait, Pierrot. Crois-moi, ne te joue point aux filles ; il n’y a rien à gagner.

Pierrot

Si ce n’est quelque bon soufflet à la rencontre. Allons, point tant de raisonnements ; rentrez, et marchez devant moi.

Isabelle rentre ; Pierrot la suit des yeux.