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Scène III


Isabelle, Colombine.


Colombine

Rien n’est plus vrai que ce que je vous dis. Ce gentilhomme, appelé Cinthio, qui vous aimoit, qui vous juroit un amour éternel, m’en a dit tout autant ; et sans la connoissance que vous me donnez de son infidélité, je ne sais si dans la suite il ne m’auroit pas un peu écorné le cœur.

Isabelle

Est-il possible, mademoiselle, que tant d’amour soit suivi de tant de perfidie ? Non, je ne croirai jamais que les hommes soient infidèles jusqu’à ce point-là.

Colombine

Les hommes ! C’est bien la plus maudite engeance !… Je ne sais qu’un secret pour n’en être point trompée ; c’est de les tromper les premiers.

Isabelle

Le perfide ! Après m’avoir engagé son cœur par une promesse de mariage !

Colombine

Promesse de mariage ? Ah ! Je n’y croirai jamais. Trébuchet à dupes, trébuchet à dupes.

Isabelle

Il fut obligé de me quitter pour un duel, où il tua son ennemi : l’amour me fit voler sur ses pas ; je suis