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bien son métier de fille ; mais c’est une petite imprudente, qui sert au premier venu ce qu’elle ne devroit servir qu’à moi seul. N’ai-je pas lieu de me plaindre ?

Arlequin

Assurément, elle a tort. Je vous dirai cependant, monsieur, qu’on est ici fort exact à donner aux compagnies ce qu’elles demandent. Tout à l’heure encore, je n’ai pas voulu donner au coche un chat de garenne que le messager avoit retenu. D’où vient donc, coquine, que vous faites de ces impertinences-là ?

Isabelle

Moi, servir à un autre ce que je vous ai promis ? Dites monsieur, que vous n’avez pas voulu vous contenter de ce que vous aviez choisi vous-même, et que l’appétit vous est venu en mangeant.

Arlequin

Pardi, monsieur, si vous êtes si fantasque, il n’y a pas moyen de vous contenter.

Isabelle

Voyez, je vous prie, si ce n’est pas assez pour le repas d’un homme seul je lui présente une jeune poularde, tendre, grasse jusqu’au bout des ongles, comme moi ; monsieur n’est pas content ; il en veut encore une autre.

Arlequin

Diable ! Monsieur, comme vous y allez ! Il ne faudroit encore qu’un homme comme vous pour mettre toute une rôtisserie à feu et à sang.