Page:Regnard - Œuvres complètes, tome cinquième, 1820.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée

ARLEQUIN.

Tant mieux. Mais avant de passer outre, il est bon que je vous fasse part de quelques petits avis en vers, que j’ai faits pour servir de niveau à la femme qui tombera sous ma coupe. Écoutez bien ceci.

Il tousse.

PRIMO.
Celle qui m’engage sa foi
Sera, si cela se peut, sage ;
Elle doit se faire une loi
De demeurer dans son ménage,
Et de n’en sortir qu’avec moi,
En dépit du contraire usage.
Quand je vois revenir des femmes sans maris,
J’entends celles qui sont du plus galant étage,
Qui souvent loin du gîte ont passé plusieurs nuits,
Il me semble de voir un cheval de louage ;
Lorsqu’on le ramène au logis,
C’est un grand hasard s’il ne cloche ;
Et s’il ne boite pas tout bas,
Pour le moins, on trouve, en ce cas,
À coup sûr, quelque fer qui loche.

SECUNDO.
Dans ma maison il n’entrera,
De peur de maligne pratique ;
Aucun lévrier d’opéra,
Symphoniste, chanteur, ou suppôt de musique.
Item, point de maître à danser ;
Ce sont courtiers d’amour dont il faut se passer.
Ces gens-là se font trop de fête ;
Et, quelque soin que vous preniez,