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pas, veut que je me marie. Vous n’êtes point propre au mariage ; ce n’est point un jeu d’enfant.

COLOMBINE.

Et moi, je vous dis que j’y suis aussi propre que vous. Je supporterai fort bien toutes les fatigues du ménage ; et quoique je sois jeune, si j’étois mariée présentement, je suis sûre que je n’en mourrois pas.

ISABELLE.

En vérité, il faut que j’aie bien de la bonté de souffrir tous les travers de votre esprit. Tout ce que je puis faire encore pour vous, c’est de vous conseiller de bannir de votre cerveau toutes vos idées matrimoniales, et de croire qu’il n’y a personne assez dépourvu de bon sens pour vouloir se charger de votre peau.

COLOMBINE.

Hé ! La la, cette charge-là n’est pas si pesante et ne fait pas peur à tout le monde : il n’y a pas encore huit jours que je trouvai dans une boutique, au Palais, un monsieur de condition, qui me dit que j’étois bien à son gré, et qu’il seroit bien aise de m’épouser.

ISABELLE.

Et que lui répondîtes-vous ?

COLOMBINE.

Je lui dis que j’étois encore bien petite pour cela ; mais que l’année qui vient, j’espérois d’être plus grande.

ISABELLE.

Vous serez plus grande et plus folle. Vous ne voyez