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goût d’un sentiment infiniment doux auquel on a goûté, et laisse à l’âme inassouvie un mélancolique malaise.

Il faudrait pour s’en consoler, voir qu’il en est beaucoup d’autres avec de doux sourires — et les aimer autant. Mais l’affection du père est la création même de son enfant : c’est sa prise, sa conquête, son triomphe. Et cette attache infinie — qui est une certitude — est un mystère quand elle se brise. Cette chose éprouvée et révélée doit être impérissable. Il me semble qu’au jour dernier, quand j’irai dormir au même inconnu que lui, des ondes invisibles se rapprocheront aussi pour se confondre, venues de lui, venues de moi.



1888. — L’on me suppose trop d’esprit d’analyse : c’est, du moins ce qui ressort des curiosités que je sens chez les jeunes écrivains qui me visitent. Je les vois, à mon abord, étonnés.

Qu’ai-je mis en mes ouvrages pour leur suggérer tant de subtilités ? J’y ai mis une petite porte ouverte sur le mystère. J’ai fait des fictions. C’est à eux d’aller plus loin.

Ce n’est pas du dilettantisme que peut sortir le naturel épanchement et le développement d’une œuvre. Il servirait à merveille la perfection, si elle était possible. Elle ne se peut qu’en de petits morceaux et l’auteur qui pourrait atteindre l’œuvre parfaite n’en ferait qu’une ; il aurait touché l’absolu et cesserait de peindre.

C’est précisément du repentir même que laisse l’œuvre imparfaite que va naître la prochaine.

On ne peut s’analyser qu’après l’émotion, point initial de toute genèse. A la minute où l’on est maître de sa passion, elle n’est plus. Elle a servi l’embryon. Tous les organes vont paraître, et pour ce, il faut des soins soumis, soucieux du germe : intelli-