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que pourront exprimer les mots, mais alors elle est subordonnée à l’impression produite par les tâches purement pittoresques, et n’y paraît qu’à titre d’accessoire et, en quelque sorte, de superflu. Un tableau ainsi conçu laissera dans l’esprit une impression durable que la parole ne pourra reproduire, à la seule exception d’une parole sous forme d’art, un poème par exemple.

Dans une composition littéraire, nulle impression produite. L’effet réside uniquement dans les idées qu’elle fait naître et qui se produisent surtout par le souvenir. Il n’y a pas alors d’œuvre d’art réelle ; un récit vaut mieux ; c’est de la pure anecdote.

Exemple : il y a une expression autre que simplement plastique dans l’Ange Gabriel, de Rembrandt ; les divers âges de la vie et la manière de sentir le merveilleux ne sont-ils pas rendus avec une infinie délicatesse dans ce vieillard qui tombe comme abîmé dans la divinité ; dans cet adolescent qui admire, mais aussi analyse, regarde, interroge ; en cette femme, qui joint les mains et prie ; en cette autre, plus vieille, qui s’évanouit ; et, plus bas, dans ce chien qui aboie et semble représenter la bête dans son effroi et sa peur ?

Ces nuances, assurément, sont du domaine de la littérature et même de la philosophie, mais on sent bien que tout cela n’est mis qu’à titre d’accessoire et que l’artiste qui a ainsi pensé volontairement ou inconsciemment, n’en a pas fait l’unique condition de son tableau. Et la preuve, c’est que toute cette recherche si touchante et si naïve et profondément vraie aussi, ne paraît qu’après une longue analyse, et que la plupart des spectateurs qui ont été frappés par cette œuvre merveilleuse, étaient sous l’empire d’une impression qui ne venait pas de là : l’unique accent de cette composition sublime est dans la lumière surnaturelle qui illumine et qui dore le messager divin. Là, dans la nature pure et simple du ton et dans les délicatesses du clair-obscur, est le secret de l’œuvre tout entière, invention toute pittoresque, qui incarne