Byron. On voit, dans un Journal, toute l’activité de son imagination inventive, dans une note des projets qu’il se propose de réaliser.
Tout le monde connaît dans l’œuvre du maître la forte et robuste création de la Médée. La lithographie l’a rendue presque populaire. Elle en donne une idée assez juste ; elle en a la couleur et la finesse ; elle rend avec une extrême douceur, ce coloris lumineux et doux que le temps efface si vite, et ceux qui la possèdent peuvent la considérer comme une reproduction précieuse.
Mais parmi les productions de ce maître si étrangement et si diversement controversé, celle-ci est assurément une des plus populaires ; elle obtint, à l’heure même où Delacroix était le plus contesté, les approbations de la foule et de presque tous les juges qui étaient contraires à cette nouvelle manière de comprendre l’art.
Ceux qui connaissent son œuvre ont pu voir qu’il procède toujours par deux voies différentes, et en quelque sorte en deux états d’esprit qui en apparence sont contraires et semblent s’annuler l’un l’autre. En effet, il s’abandonne parfois au plaisir de peindre, il charme les yeux, il représente la vie lumineuse, l’éclat des étoffes, et, comme Véronèse, il fait une page de peinture proprement dite, où la seule passion qui l’anime est celle qu’il a pour sa palette.
D’autre part, il ne crée que sous l’empire d’un sentiment très intense, après de silencieuses lectures qui ont rempli son âme de feu. Cette muse est celle qu’il écoute surtout à ses douces heures, elle est toujours présente, son œuvre le témoigne ; et c’est celle qui, dans notre manière de voir, nous occupera sans cesse.
Il fit, disons-nous, de profondes lectures, celles des maîtres contemporains, allemands et anglais ; quelques esprits, trop subtils peut-être, ont cru voir dans cette aptitude et dans ce parti pris, il semble, de ne procéder que de l’idée littéraire, ou du moins de la poésie exprimée déjà dans les lettres, le signe évident, manifeste, d’une infériorité ! Il n’en est rien. Delacroix fut de son temps, voilà tout. Il savait bien aussi qu’il fallait avant tout séduire son