expression d’une âme sincèrement passionnée par qui l’amour, la grâce, la beauté elle-même, dans ce qu’elle a de jeune et de divin, révélaient l’antiquité elle-même en ce qu’elle avait d’éternel, l’amour.
Certes, la destinée se déroule ainsi pour chaque chose, avec une logique et une sûreté dont l’artiste n’est pas toujours conscient ; les contemporains de Prud’hon n’y voyaient pas aussi clairement que lui ; lui seul, par la docilité de sa conscience d’artiste et par la loi qui plane sur toute chose, sentait probablement que son art n’était pas tant que cela dans le mauvais chemin.
Ce que nous disons là, nous le pensons aussi de Chintreuil, de cet artiste sévère et chaste que le sort unit pour un instant à l’artiste dont nous venons de parler. Comme pour Prud’hon, l’heure n’était point venue pour ce génie tendre et doux, qui se révèle simplement, dans une forme si discrète, et dont les réserves profondes et passionnées ne trouvent d’écho que dans un nombre d’âmes choisies.
Chintreuil eut en effet une vie retirée et austère. Le succès n’eut jamais pour lui ce grand éclat que jettent quelques talents plus extérieurs et plus mâles, pour qui la foule semble plus éprise. Il est à l’abri de ces réactions violentes qui, de nos jours, ont placé trop bas certains noms et placé trop haut certains autres. Sa gloire, comme son œuvre, paraît lentement, faiblement, et semble craindre le bruit du grand jour. Elle s’achemine ainsi sans emphase pour s’imposer plus longtemps et plus sûrement. Il en est ainsi pour tous ceux qui l’appellent à eux par les voies austères d’une conscience sévère et d’une application rigide.
Fantin-Latour, plus austère, plus chaste, et plus indépendant