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une large éclaircie du ciel, quelques pâles étoiles, de gros nuages qui vont passer ; dans le calme du soir et du crépuscule, des feux s’allument çà et là derrière les vitres, aux fenêtres des maisons tristes et closes. On est loin, en pays seul, en cet écart du monde où l’âme s’ensevelit dans une vie éteinte, un petit véhicule au repos y témoigne qu’on a remué durant le jour, voyagé, reçu quelque chose de la contrée voisine. Il y a là tout le silence de la contrée perdue, le dénuement de la soirée rurale, la torpeur morne de l’immobile.

Cette œuvre est d’une vérité cruelle ; un reproche : le moraliste pourrait y voir un tableau saisissant de la province ankylosée. C’est un poème aussi parce qu’il éveille en nous un monde incalculable de rêveries et de réminiscences, et comme un sentiment de l’autrefois. À l’opposé des œuvres contemporaines, son effet est tel, que la sensation qu’elle donne reste longtemps en nous seul, maîtresse et dominante, ainsi que la mélodie préférée que l’on fredonne au sortir du concert.

(Février 1883.)

MEISSONIER

Le tableau de Meissonier est une des belles toiles de ce jour. Vous dites qu’il manque de plan, cela est vrai, mais vous remarquerez que tous les peintres primitifs n’en ont pas davantage. — Aux époques qui finissent on revient aux procédés de leur commencement. — Il y a dans cet ouvrage une grande puissance d’imitation et de représentation. Si les fonds et les derniers plans sont aussi formulés et achevés que les objets et les personnages du premier plan, c’est que l’auteur n’a fait qu’obéir à une loi de sa nature qui le porte toujours à voir la nature dans ses plus menus détails, et en quelque sorte avec la fidélité de la photographie.