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vous ai conservé tous les droits que vous donne votre naissance, je vous recommande le dauphin, servez-le aussi fidèlement que vous m’avez servi, et travaillez à lui conserver son royaume ; s’il vient à manquer vous serez le maître, et la couronne vous appartient. A ces paroles il en ajouta d’autres, qui me sont trop avantageuses pour les pouvoir répéter, et il finit en me disant : J’ai fait les dispositifs que j’ai cru les plus sages ; mais comme on ne sauroit tout prévoir, s’il y a quelque chose qui ne soit pas bien, on le changera. Ce sont ses propres termes… Je suis donc persuadé que suivant les lois du royaume, suivant les exemples de ce qui s’est fait dans de pareilles conjonctures, et suivant la destination même du feu roi, la régence m’appartient ; mais je ne serai pas satisfait, si à tant de titres qui se réunissent en ma faveur vous ne joignez vos suffrages et votre approbation, dont je ne serai pas moins flatté que de la régence même. Je vous demande donc, lorsque vous aurez lu le testament que le feu roi a déposé entre vos mains, et les codiciles que je vous apporte, de ne point confondre mes différens titres, et de délibérer également sur l’un et sur l’autre, c’est-à-dire sur le droit que ma naissance m’a donné, et sur celui que le testament y pourra ajouter. Je suis persuadé même que vous jugerez à propos de commencer par délibérer sur le premier ; mais à quelque titre que j’aie droit à la régence, j’ose vous assurer, Messieurs, que je la mériterai par mon zèle pour le service du roi, et par mon amour pour le bien public, surtout étant aidé par vos conseils, et par vos sages remontrances ; je vous les demande par avance, en protestant devant cette auguste assemblée que je n’aurai jamais d’autre dessein que de soulager les peuples, de rétablir le bon ordre dans les finances, de retrancher les dépenses superflues, d’entretenir la paix au dedans et au dehors du royaume, de rétablir surtout l’union et la tranquillité de l’Eglise, et de travailler enfin avec toute l’application qui me sera possible à tout ce qui peut rendre un État heureux et florissant. Ce que je demande donc à présent, Messieurs, est que les gens du roi donnent leurs conclusions sur la proposition que je viens de faire, que l’on délibère aussitôt que le testament aura été lu, sur les titres que j’ai pour parvenir à la régence, en commençant par le premier, c’est-à-dire par celui que je tire de ma naissance et des lois du royaume. »

Les gens du roi se sont levés et ont dit par la bouche de maître Guillaume François Joly de Fleury, l’un des avocats dudit seigneur, que la juste douleur qui les occupoit leur per-