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ront proposées, sans que néanmoins elle soit obligée de suivre la pluralité des voix, si bon lui semble. Ordonne sadite Majesté que le présent arrêt sera lu, publié et registré en tous les bailliages, sénéchaussées et autres siéges royaux de ressort, et en toutes les autres cours de parlemens et pays de sa souveraineté. »

Signé du Tillet.

No 3. — Édit contre les duels.

Paris, juin 1643 (Néron. II, 1.) Reg. a parlem. de Paris, 11 août.

Louis, par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre, à tous présens et à venir, salut. Quand nous considérerions seulement comme roi le sang de notre noblesse répandu par la fureur des duels, nous ne pourrions, sans être touché d’une extrême douleur, voir les tragiques effets d’une passion si brutale, et si préjudiciable à la France ; mais la qualité de roi très chrétien nous obligeant d’être infiniment plus sensible aux intérêts de Dieu qu’aux nôtres, nous ne sçaurions penser sans horreur à ce crime détestable, qui, en violant tout ensemble le respect qui nous est dû par nos sujets, comme à leur souverain, et l’obéissance qu’ils doivent à Dieu comme à leur créateur et à leur juge, les pousse, par une manie prodigieuse, à sacrifier leurs corps et leurs ames à cette idole de vanité qu’ils adorent au mépris de leur salut, et qui n’est autre que le démon, qui, se présentant à eux sous le voile d’un faux honneur, les éblouit de telle sorte, qu’ils aiment mieux se précipiter dans un malheur éternel, que de souffrir une honte purement imaginaire. Leur rage passe à cet excès, que pour se porter à ces combats abominables, il n’est pas besoin d’avoir été outragé, ni d’avoir reçu la moindre offense ; il suffit d’y être engagé par ceux que l’on ne vit jamais, et souvent contre les personnes que l’on aime davantage. Ce funeste moment unit si étroitement ensemble par un lien sacrilége, ceux mêmes qui ne sont point unis par affection, qu’ils exposent non seulement leurs vies, mais aussi leurs amis, les uns pour les autres ; et divise quelquefois d’une si étrange manière ceux qui s’aiment, que, surpassant en fureur les plus cruels ennemis, ils s’arrachent par une double mort et la vie du corps et la vie de l’ame. Mais, ce qui montre encore clairement que c’est l’artifice de cet immortel et capital ennemi des hommes qui répand un aveuglement si déplorable dans l’esprit de notre noblesse, c’est