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« Et nous serions malheureux, dans une désolation et une juste crainte de toute sorte de fâcheux événemens, si nous n’étions assurez que l’ange protecteur du royaume obtiendra de la bonté divine une nouvelle influence, une vertu particulière, une assistance favorable pour fortifier avec l’âge le cœur de votre Majesté, lui donnant des inclinations généreuses, et des mouvemens de justice dans son temps pour la conservation de ses peuples, et à même temps inspirer les conseils et les résolutions nécessaires à la reine votre mère, ajouter à sa vertu et aux inclinations naturelles qu’elle a toujours eu de bien faire à tout le monde, l’esprit de gouvernement pour essuyer ses larmes, et dans l’excès de sa douleur, s’appliquer aux soins des affaires et au soulagement du pauvre peuple, qui sont les exercices véritables de sa piété, dont elle a toujours fait profession.

« Ce sont, Sire, les souhaits de tous les ordres de votre royaume, lesquels prosternez devant le siège de votre Majesté, qui nous représente le trône du Dieu vivant, la supplient de considérer que l’honneur et le respect qu’ils lui rendent, comme à une divinité visible, n’est pas seulement le témoignage de leur obéissance, mais la marque de la dignité royale, qui est à dire en effet, la manière dont elle se doit conduire à l’endroit de ses sujets qui réclament sa protection. Les personnes des souverains sont sacrées, d’autant qu’elles conservent leurs peuples et leurs états. Toutes les pensées de Dieu et des rois sont de bien faire. Et quoique la grandeur de la divinité soit d’être auteur de la nature, et que sa puissance paroisse dans l’ouvrage admirable de ses mains, sa bonté n’est pas moins grande dans l’œconomie et la conservation de l’univers, lorsque, remplissant toutes choses par sa propre vertu, il satisfait à toutes les nécessitez des particuliers.

« Nous souhaitons, Sire, à votre Majesté, avec la couronne de ses ancêtres, l’héritage de leurs vertus, la clémence et la débonnaireté du roy Henry le Grand votre ayeul, la piété, la justice et la religion du défunt roy votre père, que vos armes soient victorieuses et invincibles : mais outre ces titres magnifiques, les qualités d’auguste et de conquérant, soyez, Sire, dans vos jeunes années le père de vos peuples, qu’ils trouvent quelque soulagement dans l’extrémité de leurs misères, et donnant à la France ce qui vaut mieux que des victoires, puissiez vous être le prince de la paix. Au milieu de ces vœux et de ces espérances, recevez, Sire, s’il vous plaît, toutes les bénédictions du ciel, et les acclamations publiques de la terre. Que nos jours soient diminuez