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Gloire donc a celui qui, lorsque tout succombe,
L’antique foi, l’amour du beau,
Vient soulever encor la pierre de sa tombe
En montrant ce double flambeau !

Il n’est pas mort : partout lui survit sa pensée ;
L’œil peut la suivre pas a pas :
Comme tout grand poëte, il a son Odyssée
Qui ne finit point au trépas.

Aiglon longtemps captif dans une étroite règle,
Son aire manquait d’horizon,
Quand tout k coup un cri de l’aiglon fit un aigle,
Et ce cri brisa sa prison.

Il part : son vol puissant a franchi l’Atlantique ;
L’inconnu bout dans son cerveau ;
Où va-t-il ? Que veut-il ? Il veut au monde antique
Ajouter un monde nouveau.

Salut, terre d’amour, ciel bleu, vertes savanes,
Forêts vierges, nouvel Eden,
Solitudes de Dieu, lointaines caravanes,
Bords sacrés comme le Jourdain ;

Salut, heureux pays, Natchez, sainte nature,
Et vous, ô filles de candeur,
Dont les grâces à peine ont noué la ceinture,
Dont l’innocence est la pudeur.