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les inoïts occidentaux.

changement de suzeraineté n’a point apporté, ne pouvait apporter d’amélioration immédiate. Ainsi chez les Oulongues, visités par Dall, sur une population mixte de 2,450 individus, la mortalité est de 130 pour une nativité de 100. Les Aléoutes sont peu fécondes. On s’accorde à dire que la race entière des Esquimaux dépérit rapidement, sauf peut-être dans les districts groenlandais, sur lesquels le Danemark veille avec une sollicitude paternelle.

Sur les Inoïts fait ravage la consomption, qui tue à elle seule plus d’individus que toutes les autres maladies ; et ce terrible fléau, jusqu’alors inconnu, c’est la civilisation qui l’apporta[1]. Tout à côté, les Peaux-Rouges sont détruits par la petite vérole, triste cadeau des Visages Pâles.

Pourquoi cette action funeste du civilisé sur le sauvage ? — D’autres apprécieront les causes physiologiques ; examinons quelques-unes des causes morales qui amènent ce résultat.


Pris pour des dieux, forts du prestige qui entoure le civilisé, tout grossier et ignorant qu’il soit, les Russes n’eurent qu’à se montrer pour s’emparer de tout un archipel et réduire toute sa population en servitude.

—  L’Aléout était donc lâche et indigne de la liberté ?

—  Non pas. Écoutez le témoignage que donne à sa race un des hommes qui la connaissent le mieux :

« Les Inoïts sont des Inoïts, Inoïts ils resteront. L’indépendance est le trait essentiel de leur caractère ; ils ne supportent jamais la contrainte, quels engagements qu’ils aient pris ou qu’on leur ait fait prendre. Nés libres, sur

    les districts du Kadiak, de la Baie de Bristol, du Kouskokolm, du Youkon, du Béring septentrional et de la côte arctique.

  1. Hall.