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journal de la commune

« L’ennemi a fusillé nos prisonniers : quatre gardes nationaux et un soldat de ligne des nôtres. L’ennemi en retraite. Admirable conduite de la garde nationale.

« Bergeret. »

« Un décret de la Commune adopte les enfants des citoyens morts pour la patrie. »

Que faire maintenant ?

Dans les groupes autour de l’Hôtel-de-Ville, l’opinion la plus populaire est que, sans perdre de temps, on réponde au coup de main des Versaillais par un coup de main des Parisiens sur Versailles. « Nous avons déjà trop perdu de temps. Si le Comité central avait eu le bon esprit de faire suivre par quelques bataillons de gardes nationaux MM. Thiers, Favre et Picard se réfugiant à Versailles, après avoir raté leur mauvais coup du 18 mars, les monarchistes se seraient d’ores et déjà éparpillés à tous les vents et ne donneraient plus de soucis à la République. Des Communes se constituent à Lyon, à Limoges, à Toulouse, à Marseille, à Narbonne, à Carcassonne, par toute la France. Aidons-les par un énergique effort. Profitons du moment qui est toujours propice. Il y a quinze jours, l’armée s’est déclarée pour nous ; aujourd’hui, elle est encore dans des dispositions excellentes ; tous les jours, il nous arrive des soldats républicains qui jettent leurs fusils, ne voulant pas tirer contre le peuple, car ils sont du peuple et le savent bien ; ils haïssent leurs généraux, lâches et ineptes ; ils auraient horreur de laver la honte de Sedan et de Metz dans le sang de leurs frères. Mais il ne faut pas laisser à Thiers, à Canrobert, Galiffet et Charette, Vinoy et Valentin le loisir de reconstituer une armée avec des gendarmes, des zouaves pontificaux et des argousins pour noyau… Ils se sont déjà cru assez forts pour nous attaquer… Nous les avons victorieusement repoussés. Courons sur leurs talons jusqu’à Versailles ! »

J’écoutais, n’osant donner d’avis. J’ai voyagé avec des soldats mandés en hâte par M. Thiers, ils ne m’avaient pas eu l’air si intelligents et si fraternels que cela… Je venais de voir, dans le Monde Illustré une description formidable de toutes les pièces d’artillerie amoncelées dans Versailles… Néanmoins, une vigoureuse expédition là-bas aurait grand