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journal de la commune

moins, les républicains de Paris l’ont comprise, ils savent que l’armée ne peut pas être la doublure de la garde nationale. En conséquence, ils ne veulent d’armée à Paris sous aucun prétexte.

On leur répond : « Mais l’armée est une institution nationale. Et vous qui représentez le Gouvernement de la seule et unique ville de Paris, vous n’avez pas le droit d’abolir une institution nationale. La partie ne doit pas se mettre au-dessus du tout. » Le raisonnement est inattaquable.

De son côté, la Commune est également inattaquable quand, au nom de sa conservation personnelle, au nom du droit de légitime défense, sans parler du droit de la logique et de la moralité républicaine, elle abolit, au moins dans l’enceinte de ses murs, l’institution de l’armée permanente et supprime sa plus grande et sa plus terrible ennemie. C’est là la fatalité des discussions poussées à fond ; on échange des arguments également irréfutables parce qu’ils sont l’expression de principes absolument opposés.

Le Journal Officiel d’hier nous porte le Manifeste d’adieu du Comité central à la Fédération de la garde nationale :

« Il nous a été donné d’assister au spectacle le plus grandiose. Paris saluant et acclamant sa Révolution. Paris, ouvrant une page blanche de l’histoire et y inscrivant son nom puissant… Deux cent mille hommes libres sont venus affirmer leur liberté et proclamer au bruit du canon l’institution nouvelle…

« La France, coupable de vingt années de faiblesse, a besoin de se régénérer des tyrannies et des mollesses passées par une liberté calme et par un travail assidu. Votre liberté, les élus d’aujourd’hui la garantiront avec énergie, la consacreront à tout jamais. Quant au travail, il dépend de vous seuls, les rédemptions sont personnelles. Groupez-vous donc avec confiance autour de votre Commune. Frères, laissez-vous guider par des frères. Marchez dans la voie de l’avenir avec vaillance. Prêchez d’exemple et vous arriverez sûrement à la République universelle ! »

On reproche à la Commune de ne pas savoir se borner à la circonscription de Paris et de vouloir légiférer pour la France entière. Mais les révolutionnaires ne s’en cachent point. Il suffit de lire la proclamation qui précède pour voir qu’ils ne songent nullement à doter leur Cité de certaines