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journal de la commune

place du Capitole, un piquet de cavalerie, puis des troupes de ligne dans lesquelles s’étaient intercalés les volontaires de l’ordre.

Cinq pièces de canon furent installées en face de la porte de l’Hôtel-de-Ville.

Le nouveau préfet, flanqué des procureurs, des avocats et des généraux, enjoignit aux gardes nationaux, postés à la porte de lui livrer passage. — « Non ! » Deux sommations furent alors faites… Un sentiment d’inexprimable anxiété s’empara de tous les citoyens, civils et soldats, tous craignaient que le sang de la guerre civile ne rougît le pavé des rues. On s’apprêtait aux armes de part et d’autre.

Mais l’Association républicaine s’était interposée, elle négocia une transaction très raisonnable en somme, car elle était calculée exactement sur la force réciproque des deux partis : la Commune était dissoute, Kératry prenait possession de la Préfecture au nom du gouvernement de Versailles. Mais l’Hôtel-de-Ville serait gardé désormais moitié par la garde nationale, moitié par l’Association républicaine, la garde nationale serait réorganisée, mais en conservant ses éléments et de nouvelles élections municipales seraient faites dans la quinzaine.

Les meneurs de l’un et l’autre parti se dirent et se crurent lésés, mais il semble que le gros de la population ait été enchanté : « Nous l’avons échappé belle ! »

Nous manquons de détails sur Narbonne, où la Commune avait été proclamée par la garde nationale dès le 24. Le préfet essaya de recourir à la force, mais les soldats levèrent la crosse en l’air et conduisirent leurs officiers en prison.

Des bataillons de ligne furent envoyés de Montpellier, mais ils refusèrent de tirer. Le général manda alors des turcos en garnison à Perpignan, — la loi qui avait institué les corps de spahis et turcos avait interdit leur entrée en France. On les lança à l’assaut de l’Hôtel-de-Ville, et ils s’acquittèrent de leur besogne en conscience. Heureux de tirer sur le peuple, de sabrer quelques chiens de chrétiens, ces moricauds envahirent aussi plusieurs maisons de bourgeois et les livrèrent au pillage.

Le drapeau rouge a flotté sur la Mairie de Cette. Comment y a-t-il été arboré ? comment en a-t-il été arraché ?

La Commune a été un instant proclamée à Vierzon.