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journal de la commune

bruit du tambour, au son des clairons, une mer montante de peuple. Un grand drap rouge couvrait la statue du « bon roi Henri » et servait de fond au buste blanc de la République.

Aux balcons et fenêtres apparaissent les membres de la Commune. Cent et un coups de canon saluent l’avènement du potentat nouveau ; chaque nom proclamé est accompagné d’une salve.

« Les drapeaux des bataillons et les fanions des compagnies qui flottent au vent, la forêt de baïonnettes qui resplendissent au soleil, la grande voix de bronze, la fierté d’un peuple qui triomphe enfin depuis tant d’années, tout cela éclate en même temps dans des applaudissements retentissants : Vive la Commune ! Vive la République Universelle ! »

Les gardes nationaux mettent leurs képis au bout de leurs baïonnettes, brandissent leurs fusils ; les musiques des bataillons jouent la Marseillaise que chantent vingt mille voix.

Quoi qu’il arrive, quoi qu’il advienne, l’Histoire enregistrera ceci :

« Un jour, Paris a proclamé que sa Commune faisait partie de la République Universelle ».

Novus Rerum nascitur ordo ! s’écrie le Siècle… oui, le Siècle.

Paris, 2 Avril 1871.

Et la province ? Que dit, que fait la province ? Car il est certain que de l’attitude de la province dépend en grande partie l’issue du mouvement de la Commune de Paris, mouvement révolutionnaire et en même temps essentiellement centralisateur. C’est là une anomalie qui s’est produite quelquefois dans l’histoire, c’est peut-être une contradiction logique — les faits la résoudront dans une synthèse supérieure, comme ils pourront.

Absorbés par nos grosses affaires, nous avions compris à demi seulement que Toulouse et Narbonne ont, les premières de France et avant Paris, proclamé leur Commune. Il est vrai qu’elles l’ont déjà perdue, car nos méridionaux vont vite, et souvent trop vite.