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journal de la commune

Nous revenons aux faits. En fait de vandalisme, la Commune a renversé l’Hôtel de M. Thiers, style de concierge. Elle a renversé la Colonne Vendôme, symbole des Bonaparte ; elle a brûlé les Tuileries, gloire de la monarchie ; Paris a brûlé l’Hôtel de Ville, sa gloire à lui, comme un amant jaloux qui, en mourant, poignarda sa maîtresse. Il est probable qu’il a incendié en outre quelques maisons des rues de Lille, de Vernon et de Rivoli, ce dont nous le blâmons fortement ; mais quant à la multitude d’autres incendies dont on l’accuse, on apprend de jour en jour que ces incendies imaginaires ont été allumés par les calomnies de Versailles.

En dehors des deux grands incendies de l’Hôtel de Ville et des Tuileries, je crois même, jusqu’après enquête véridique et sincère, que ce sont les obus de M. Thiers qui en ont allumé la plus large part. Les seuls feux que j’ai vu allumer de mes propres yeux sont ceux de quelques malheureuses barques brûlées par les batteries qui ont pourvu notre propre maison d’obus et de biscayens. Je crois que la Commune a incendié quelques propriétés privées, mais que les Versaillais en ont incendié bien davantage : elles ont du reste beaucoup plus souffert par le bombardement et la démolition systématique que par les incendies.

Parce que les gens de la Commune ont incendié, les Versaillais ont incendié à plaisir et tant qu’il leur a plu ; parce que les gens de la Commune ont incendié des pierres et du bois, les Versaillais ont versé le sang comme de l’eau ; ils ont tué comme le bon Titus ne tuait pas à Jérusalem ; ils ont tué comme Tilly, le héros de l’ordre catholique, ne tuait pas à Magdebourg. Et parce que les gens de la Commune ont incendié, les Versaillais enfouissent dans la calomnie les cadavres de ceux qu’ils ont assassinés, les aspergeant d’accusations auxquelles il nous est impossible de répondre !

Le petit M. Thiers a fait son entrée victorieuse dans Paris ; sa calèche a passé sous l’Arc de Triomphe. Il était accompagné de son fidèle Leflô, Ministre de la Guerre, et du vertueux M. Jules Simon, le Philosophe du Devoir, l’ex-défenseur des ouvriers de Paris, le député du Travail. Le petit M. Thiers, tout comme M. de Bismarck, a été sacré grand homme par le succès. Maintenant qu’il pourrait se