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journal de la commune

putés et les maires de Paris aient fait encore aucune démarche auprès de Thiers, et par conséquent en aient pu rien obtenir. Nous savons de source certaine que l’Assemblée ne s’est pas réunie à cette occasion, qu’elle n’a pas été consultée et que par conséquent elle n’a rien concédé…

Voilà donc la signature de Saisset, mais d’où vient que manquent la signature de Thiers et la signature des ministres, et la signature de Grévy, président de l’Assemblée, et la signature des maires et des députés de Paris… Qui nous dit que cette signature de M. Saisset n’a pas été forgée ? Et qui nous dit que ce n’est pas là un nouveau truc de ce malicieux petit singe qui préside notre gouvernement de vérité ? Qui nous dit que ce n’est pas là une ruse de guerre… Défions-nous ! Défions-nous !… Et dona ferentes

Nous allons aux renseignements aux mairies du Louvre et de la Banque, à la Bourse et à l’Opéra. Nous ne voyons pas que les bataillons de l’ordre, que les phalanges serrées de la propriété désarment : tout au contraire. Au boulevard des Capucines, on nous montre le Grand Hôtel : Voyez, l’amiral Saisset s’y est renfermé avec tel bataillon. Des charrettes de plâtre sont apportées. Le Grand Hôtel va être barricadé, transformé en forteresse pour tenir en échec la place Vendôme ; pour dominer tout ce rond-point de routes stratégiques, un autre bataillon occupe le Jockey Club.

Mais que signifie donc la proclamation Saisset : l’élection libre des officiers et du commandant de la Garde nationale, la reconnaissance par l’Assemblée de nos franchises municipales ? — Ah oui ! l’amiral Saisset… Il vient d’ordonner la mise en position de deux pièces de sept afin de battre le boulevard…

Eh bien ! toute la journée il y a eu un calme relatif. Il n’est pas inadmissible qu’un étranger, ignorant de nos discordes civiles ait pu circuler dans nos rues sans s’apercevoir qu’hier le sang a été versé, que demain on le versera peut-être encore. Des bataillons vont et viennent, des patrouilles circulent dans les rues. On se rencontre ; les uns prennent la droite, les autres prennent la gauche ; les uns ont pris parti pour le Comité central, et les autres pour les municipalités, c’est-à-dire pour l’Assemblée… Deux ou trois fois des escouades armées ont failli en venir aux