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journal de la commune

devoir jusqu’au bout. Mais ne l’oubliez pas : Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Nantes, Bordeaux et les autres !… Si Paris succombait pour la liberté du monde, l’histoire aurait le droit de dire que Paris a été égorgé, parce que vous avez laissé s’accomplir l’assassinat ! »

Toulouse et Marseille se sont levées, Marseille a même été à moitié massacrée ; depuis Lyon, Bordeaux. Cosne, Nevers, Montpellier ont fait chacune leur petit soulèvement, mais dont aucun n’a abouti, les unes se sont lancées trop tôt les autres trop tard : il est peut-être impossible aux villes de provinces de se soulever avec ensemble. Ce qu’il eût fallu tout d’abord, c’est la Ligue des villes, tenant, pour parler comme M. Thiers. « les assises du communisme et de la rébellion ! »

Dimanche 21 mai.

Encore un assaut qui vient d’être repoussé ; on nous dit que c’est une sixième grande tentative des Versaillais. Les huit jours après lesquels tout devait être terminé, au dire de M. Thiers, sont expirés, après un septième, un huitième ou un neuvième assaut, l’armée de Versailles se tiendra sans doute pour satisfaite. Quant à l’armée parisienne, elle n’est pas encore au bout de son courage, tant s’en faut. Il me paraît qu’elle est plus ferme et plus résolue, plus sûre de la victoire que jamais. J’ai toujours fait mes réserves quand au succès final. J’ai toujours conseillé à la Commune de tenir bon et de toujours tenir bon, de n’offrir aucune transaction, en face des provocations incessantes de Versailles, néanmoins mon espoir a toujours été dans une intervention des grandes villes parlant sévèrement à l’Assemblée et réconciliant Paris avec le reste de la France, Mais aujourd’hui, je commence à croire à une victoire de Paris gagnée de haute lutte, je me sens gai, dispos.

Je ne suis point parmi les plus confiants, tant s’en faut, mais il en est de plus difficiles à rassurer : ceux qui, il y a plus de six semaines, déclaraient impossible que Paris tint encore huit jours de plus. Ils n’ont cessé de nous dire que, chaque soir, avec les arrivages d’Allemagne et de la province « la plus belle armée du monde » s’augmente d’un régiment au moins d’excellentes troupes ; que