Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
330
journal de la commune

société au gouffre dans lequel elle se débat : moucharder leurs professeurs et instituteurs, et ensuite « préparer pour notre pays une génération qui sache souffrir et obéir. »

Le 7 mai, M. Thiers a lancé par la gueule d’un de ses canons une nouvelle adresse aux Parisiens, celle-ci la dernière. M. Thiers le prend de très haut avec le grand Paris : « Parisiens, pensez-y mûrement, dans très peu de jours nous serons dans Paris. »

« Il dépend de vous de prévenir les désastres irréparables d’un assaut. Vous êtes cent fois plus nombreux que les sectaires de la Commune… Jusqu’ici nous avons écouté toutes les délégations qui nous ont été envoyées, et pas une ne nous a offert une condition qui ne fût l’abaissement de la souveraineté nationale devant la révolte. Nous avons répondu à ces délégations que nous laisserions la vie sauve à ceux qui déposeraient les armes, que nous continuerions le subside aux ouvriers nécessiteux. Nous l’avons promis, nous le promettons encore… Le Gouvernement aurait désiré que vous puissiez vous affranchir vous-mêmes des quelques tyrans qui se jouent de votre liberté et de votre vie. Puisque vous ne le pouvez pas il faut bien que nous nous en chargions. Jusqu’ici, le Gouvernement s’est borné à l’attaque des ouvrages extérieurs. Le moment est venu où, pour abréger votre supplice, il doit attaquer l’enceinte elle-même. Il ne bombardera pas Paris comme les gens de la Commune et du Comité du Salut Public ne manqueront pas de vous le dire… Le gouvernement ne tirera le canon que pour forcer une de vos portes… Il sait, il aurait compris de lui-même, si vous ne le lui aviez pas fait dire de toutes parts, qu’aussitôt que des soldats auront franchi l’enceinte, vous vous rallierez au drapeau national pour contribuer avec notre vaillante armée à détruire une sanguinaire et cruelle tyrannie. »

Ceci veut dire que M. Thiers, n’ayant pas encore pu réduire Paris avec la plus belle armée du monde, fait appel aux défections et trahisons intérieures pour le coup décisif qu’il doit préparer, car il est évident que l’absurde abomination de cette guerre civile ne peut plus se prolonger longtemps. M. Thiers a promis le 11 mai à ses Versaillais qu’ils entreront dans les huit jours dans Paris. Sept de ces jour-