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journal de la commune

Vos maires, vos députés, répudiant les engagements pris à l’heure où ils étaient candidats, ont tout mis en œuvre pour entraver ces élections que nous voulions faire à bref délai. La réaction, soulevée par eux, nous déclare la guerre. Nous devons accepter la lutte et briser la résistance, afin que vous puissiez y procéder dans le calme de votre volonté et de votre force. En conséquence, les élections sont remises au dimanche prochain 26 mars.

Jusque là les mesures les plus énergiques seront prises pour faire respecter vos droits.

Hôtel-de-Ville, 22 mars 1871.


Paris, 24 mars 1871.

Le Comité central n’en démord pas : il maintient les élections pour demain, Versailles jurant qu’il n’y en aura pas.

Thiers chauffe la province contre la « sédition » de Paris. Il menace les campagnards d’une nouvelle invasion :

« Qui peut sans frémir accepter les conséquences de cette déplorable sédition s’abattant sur la ville comme une tempête soudaine, irrésistible, inexplicable ? Les Prussiens sont à nos portes, nous avons traité avec eux. Si le Gouvernement qui a signé avec lui les conventions préliminaires est renversé, alors tout est rompu. L’état de guerre recommence et Paris est fatalement voué à l’occupation étrangère…

« Ainsi sont frappés de stérilité les longs et douloureux efforts à la suite desquels le Gouvernement a évité jusqu’ici ce malheur qui serait irréparable. Mais ce n’est pas tout. Avec cette déplorable émeute, il n’y a plus ni crédit ni travail, la France, ne pouvant pas satisfaire à ses engagements, sera livrée à l’ennemi qui lui imposera sa dure servitude.

« Le Gouvernement et l’Assemblée font appel au pays… Des mesures énergiques vont être prises, que les départements les secondent !

« Les factieux qui, grâce à leur accord, ont porté à la République une si grave atteinte, seront forcés de rentrer dans l’ombre, mais ce ne sera pas sans laisser derrière eux, avec le sang versé par les assassins de Lecomte et de Clément Thomas, la preuve certaine de leur affiliation avec les plus détestables agents de l’Empire et les intrigues prus-