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journal de la commune

culte seront appliquées contre les membres de la prétendue Commune, leurs agents ou leurs subordonnés, et tous autres, qui, à un titre quelconque, auront été coupables ou complices pendant toute la durée de l’insurrection. Néanmoins, il faut que M. le ministre de la Justice en renouvelle la déclaration publique, qui, faite à cette tribune, franchira les murs de la capitale, comme l’apparition du glaive de la loi, — Oui, oui ! Très bien ! — consolante pour les uns, vengeresse pour les autres ; elle réveillera le souvenir et la crainte du code pénal chez ceux qui le croient peut-être à demi-noyé dans la tourmente de la guerre civile… Dans un document apporté hier à cette tribune par l’honorable M. Mortimer-Ternaux, la folle espérance n’était-elle pas exprimée qu’après l’insurrection de Paris, personne ne serait inquiété pour les actes qui s’y seraient passés ! »

Cette folle espérance, il faut bien le dire, est l’espérance de ceux qui ont la naïveté de croire vraies les affirmations maintes et maintes fois réitérées de M. Thiers « qui n’a jamais menti à personne ».

Alors Dufaure, le Garde des Sceaux, se leva pâle, frémissant sous l’émotion de tant de vengeances à exécuter, de tant de condamnations à prononcer, la voix haletante, enrouée, le nez enchiffrené : « Lorsque la France sera redevenue maîtresse de Paris, quand l’insurrection aura été vaincue, la justice fera son devoir en recherchant les coupables, tous, tous, quels qu’ils soient, et les punira ! Je n’ai rien de plus à dire. Tout ce que j’ajouterais affaiblirait ma déclaration ! « — Très bien ! très bien ! Longs applaudissements.

L important Mortimer-Ternaux, qui digère silencieusement la notoriété qu’il s’est acquise depuis la veille, succède à l’honorable de Belcastel : « Si j’ai bien fait hier, je fais mieux aujourd’hui. Hier, il ne s’agissait que d’un prétendu syndicat, racontant dans quelque journal une prétendue entrevue avec le Chef du Pouvoir exécutif. Aujourd’hui il ne s’agit rien moins que d’un Conseil municipal, le Conseil municipal de Bordeaux, s’il vous plaît. — Le maire de Bordeaux, ses adjoints sont venus à Paris, ils sont venus à Versailles pour faire de la conciliation, ils ont vu les membres de la Commune, ils prétendent avoir vu M. Thiers, qu’ils font ainsi parler…