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journal de la commune

tant que l’enceinte tient bon, mais il ne faut pas perdre de vue que notre bastion du Point du Jour est sérieusement endommagé par un incessant feu d’enfer, et qu’une tranchée s’ouvre déjà en cet endroit. N’oublions pas non plus que M. Thiers a promis que Paris serait pris dans les huit jours. Les huit jours ne sont pas encore écoulés. Des canonnières ont été expédiées sur la Seine, de Toulon, de Brest et de Cherbourg. On attaque Paris par terre et par mer.

Un assaut ! Un assaut ! Ce ne sera pas le premier que nous aurons eu à subir, et néanmoins cette idée de Français se ruant à l’assaut de Paris nous émeut d’horreur !

Le Paris-Journal a l’air d’en tirer vanité :

« Toutes les batteries tireront à la fois. Le nombre des projectiles lancés en 24 heures ne sera pas inférieur à 26 000. Il est probable que les fortifications ne pourront pas tenir plus de deux à trois jours sous un pareil ouragan de fer, et que l’assaut sera donné à la fin de la semaine », écrit-il le 10.

C’est dit. Ce que les Prussiens n’ont pas fait, nous allons le faire. Eux, les ennemis, n’ont pas osé attaquer de front nos remparts ; nous, des Français, nous allons donner l’assaut à ces bastions que les Parisiens s’étaient promis de si bien défendre contre l’étranger.

12 mai.

Il y a quelques jours, un membre de la Commune, Blanchet, fut écroué à Mazas par un motif affligeant. Le dit Blanchet était un faux Blanchet et s’appelle en réalité Panilla, c’est un démocrate prétendu, ex-commissaire de police, un ex-banqueroutier et un ex-capucin.

Inutile de dire que, dans la Commune, Blanchet n’était pas des plus modérés ; il est un de ceux auxquels on doit le Comité de Salut public qui a fait de bonne besogne. Panilla, dit Blanchet, blagueur, bruyant et intrigant, avait réussi à capter la faveur populaire ; car ce brave peuple, comme tous les souverains, aime qu’on le flatte. Pauvre suffrage universel, que de sottises tu as commises, et combien tu en commettras, jusqu’à ce que tu saches lire et écrire !

Cluseret est toujours en prison, où il se plaint de n’être pas interrogé. Assi et Bergeret, sortis de Mazas, sont