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journal de la commune

façades tournées contre Paris qui sont presque intactes. Quelques obus trop longs ont seuls écorné la partie supérieure des remparts situés de ce côté. Les casernes n’existent plus ; bien des casemates qui paraissaient à l’abri de nos projectiles se sont éboulées sous le poids et le nombre de nos obus. Des poudrières ont sauté ; on peut encore constater les traces de leur explosion.

Toutes les embrasures de canons sont détruites ; les épaulements ne pouvaient plus abriter les artilleurs. Il fallait que les communeux fissent preuve d’une énergie véritable pour oser s’aventurer encore sur ce sol dégarni de tous abris et lancer contre nous de rares projectiles. À voir les éclats d’obus, les biscaïens, les culasses de boîtes à mitrailles qui jonchent la terre remuée en tous endroits, le nombre des projectiles lancés sur le fort d’Issy est incalculable.

S’il n’y avait eu que la perte du fort d’Issy, démoli pierre à pierre par un mois de bombardement, le malheur pour la Commune n’eût pas été extrême. Mais voici les complications :

Une demi-heure après avoir placardé sa nouvelle, Rossel prend son sabre et taille sa plume pour envoyer sa démission à ses collègues, et sa lettre, il en envoie immédiatement copie aux journaux du soir.

« Je me sens incapable de porter plus longtemps la responsabilité d’un commandement où tout le monde délibère et personne n’obéit… Le Comité central d’artillerie délibère et n’a rien prescrit… La Commune a délibéré et n’a rien résolu… Plus tard, le Comité central de la Fédération des gardes nationales est venu offrir presque impérieusement son concours à l’administration de la guerre… Le Comité délibère et n’a pas su agir…

« Hier, pendant que chacun devait être au travail ou au feu, les chefs de légion délibéraient pour substituer un nouveau système d’organisation à celui que j’avais adopté, afin de suppléer à l’imprévoyance de leur autorité, toujours mobile et mal obéie. Il résulta de leur conciliabule un projet au moment où il fallait des hommes et une déclaration de principes au moment où il fallait des actes… Mon indignation les ramena à d’autres pensées. Ils me promirent pour aujourd’hui une force organisée de 12 000 hommes