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journal de la commune

Conseil général de département, et ses attributions seraient élargies ;

« La garde nationale demeurerait chargée du service de la cité, la solde serait maintenue jusqu’à la reprise du travail ;

« L’armée régulière n’entrerait pas dans Paris, mais il lui serait fait remise des forts jusqu’à la réorganisation de l’armée sur le principe que la conscription est abolie, et que tout citoyen est soldat ;

« Afin de marquer son désintéressement et sa loyauté, la Commune se dissoudrait. Les nouvelles élections seraient faites sous la direction du comité de conciliation… et conformément à la dernière loi municipale votée par l’Assemblée. »

Ce projet, dont il était question dans les journaux depuis plusieurs jours, ne nous plaisait qu’à demi : il nous semblait trop sacrifier la Commune, et peu pratique parce qu’il n’était pas suffisamment équitable. En définitive il ne disait pas autre chose que ceci : Pour montrer son désintéressement, la Commune va loyalement se suicider, l’Assemblée restera triomphante, et, pour qu’elle n’ait à revenir sur aucune de ses décisions, la géographie et l’organisation administrative de la France seront modifiées.

Selon nous, le plus pratique est ce qu’il y a de plus équitable. La Commune et l’Assemblée sont en guerre. Or, la guerre civile est un crime dont les deux belligérants sont également coupables. Il ne s’agit pas de savoir qui de la Commune ou de l’Assemblée a commencé les hostilités, quel droit est supérieur, celui de la légalité ou celui de la bonne foi, celui de la collectivité nationale ou celui de la municipalité fragmentaire, celui des anciennes ou celui des nouvelles élections… Ces questions, on les traite depuis longtemps à coups de canon. Coupables l’une et l’autre de guerre civile quand il existe un suffrage universel, que l’une et l’autre se dissolvent, et qu’une élection nouvelle juge le différend. Parmi les députés à nommer, tant par Paris que par le reste de la France, une commission arbitrale sera instituée, à laquelle tous pouvoirs seront donnés pour juger souverainement du différend. Puisqu’il y a procès il ne peut appartenir à aucune des parties de se faire justice elle-même, c’est un tiers désintéressé ou plutôt