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journal de la commune

Ce gouvernement fut celui des libéraux bourgeois qui, par pudeur, rejeta autant que possible le mot de République et se déguisa autant qu’il put sous le nom de Gouvernement de la Défense Nationale.

Mais on ne défend pas une nation envahie par douze cent mille hommes avec des phrases libérales ou les larmes de M. Favre. On ne constitue pas une République, on ne reconstitue par une nation par le feu de l’ennemi, sans recourir aux moyens nouveaux et largement organiques, c’est-à-dire aux procédés révolutionnaires. Pas de république qui dure, sans une résolution énergique à son début. Et le Gouvernement de la Défense Nationale a prononcé le mot : « N’insistez pas trop sur la défense ! « Comme il était le gouvernement d’une caste et non pas le gouvernement de la nation, il a, comme il est dans la logique de toute caste de le faire, sacrifié les intérêts sacrés de la Nation aux intérêts égoïstes de la caste. Les égoïstes ne comprenaient pas que si la Nation eût été sauvée sous la direction d’une caste, la Nation eût été reconnaissante, trop reconnaissante, même, envers la caste susdite. Mais la caste n’avait pas assez de cœur pour comprendre que la Nation a du cœur ; — ne se sentant pas en danger si les Prussiens triomphaient, mais se croyant en danger si la République, c’est-à-dire si la Révolution triomphait, la caste n’a pas voulu proclamer la Patrie en danger et recourir aux grands moyens qui seuls eussent pu la sauver. — Aujourd’hui tous les gouvernants du 4 septembre, Gambetta seul excepté, l’avouent : « Nous voulions faire patienter le peuple de Paris par une défense convenable, jusqu’à ce qu’il nous fût permis de conclure une paix honorable. — Honorable !

Paris, l’intelligent Paris, a été dupe jusqu’au 31 octobre. — Grâce aux impatiences et maladresses de Blanqui et des blanquistes, il a été dupé jusqu’à la capitulation signée par le gouverneur de Paris qui avait juré, sur sa foi de bon chrétien et son honneur de soldat, que jamais il ne capitulerait. — Après la capitulation de Paris, aux ignobles, dérisoires et traîtresses conditions que l’on sait, il n’y avait plus qu’à signer la paix, coûte que coûte.

Cette paix, coûte que coûte, il y avait deux mois déjà que la province la souhaitait, que la paysannerie la récla-