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journal de la commune

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« Mais chaque époque est mise en présence de dangers qui lui sont propres : je vous signale tout particulièrement ceux du temps où nous vivons. Il se trouve en ce moment des écrivains qui déshonorent leur plume par les plus honteuses apostasies et les entreprises les plus violentes contre les principes essentiels de tout ordre social. Ils ont longtemps et vivement demandé le suffrage universel, et ils outragent aujourd’hui, sans relâche, une Assemblée qui en est incontestablement l’expression la plus libre et la plus certaine. À les en croire, elle serait agressive, provocante, avide de nouvelles révolutions quoiqu’ils sachent bien que, depuis le jour où elle a nommé provisoirement le plus illustre de ses membres chef du pouvoir exécutif de la République française, elle n’a pas fait un pas rétrograde ; mais, en revanche, tout en prodiguant sans cesse le grand nom de liberté, ils sont devenus les adorateurs, ils se font par toute la France les apologistes effrontés d’une dictature usurpée par des étrangers ou des repris de justice, qui a inauguré son règne par l’assassinat, qui le signale tous les Jours par l’arrestation des bons citoyens, le bris des presses, le pillage des établissements publics, le vol avec effraction, de nuit, à main armée, chez les particuliers, l’incarcération des prêtres, l’enlèvement et la réduction en lingots des vases sacrés. Oui, la force matérielle, constituée dans Paris sous le nom de Commune pour commettre de si abominables excès, trouve des apologistes qui deviendraient bientôt ses imitateurs si elle triomphait.

« Ce ne sont pas les ennemis d’un gouvernement quelconque, mais de toute société humaine : vous ne devez pas hésiter à les poursuivre.

« Et ne vous laissez pas arrêter lorsque, dans un langage plus modéré en apparence, ils se font les apôtres d’une conciliation à laquelle ils ne croient pas eux-mêmes, mettant sur la même ligne l’Assemblée issue du suffrage universel et la prétendue Commune de Paris ; reprochant à la première de ne pas avoir accordé à Paris ses droits municipaux bien que, pour la première fois, l’Assemblée nationale ait donné spontanément à cette grande ville tous les droits de représentation et d’administration dont jouissent