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journal de la commune

Après les réponses qui précèdent, recueillies à Versailles et à Paris, il est constant que le terrain de conciliation que la commission des municipalités de la Seine avait pour mission de rechercher, échappe quant à présent à ses efforts.

Les membres de la commission,
Courtin, Dehais, Genevois, Jacquet, Lecrosnier, président, Deplanquais, Letellier, Minot, secrétaire, Presdon, Rouget de l’Isle.

Ce qui est peut-être plus décourageant que l’insuccès de la démarche des maires du département de la Seine, c’est de savoir les circonstances dans lesquelles il s’est produit. Quand les maires furent arrivés à Versailles, ils se sont naturellement présentés à leur ancien Préfet, M. Jules Ferry, lequel a fait dire qu’il était absent. Ils vont frapper droit à la porte de M. Thiers, lequel est trop occupé de ses plans de campagne pour les admettre encore en sa présence. En attendant, ils sollicitent l’intervention d’un haut et puissant personnage, M. Alphand, un bonapartiste très-bien en cour, et chargé par le républicain M. Thiers des affaires de Paris. M. Alphand leur déclara qu’il ne pouvait admettre aucune transaction avec Paris. Sans doute la population malheureuse mériterait des égards, mais on ne peut pas entrer en discussion avec les étrangers cosmopolites qui dominent Paris.

Un des maires croit rétorquer l’argument : Vous avez traité avec les Prussiens, il ne vous serait donc pas absolument impossible de traiter avec ces étrangers cosmopolites. Vous devez même le faire puisque vous ne voulez pas écraser les malheureux Parisiens, victimes innocentes de l’occupation…

À cela, M. Alphand : « Que diriez-vous si un membre de la Société Protectrice des animaux vous empêchait d’étrangler le chien enragé qui va se précipiter sur vous ? »

La chose est claire : M. Alphand et les hommes au pouvoir dont il est le confident sont prêts, pour écraser les gens de la Commune, à écraser en même temps toute une population innocente… Et les Communeux eux-mêmes, leurs partisans, leurs amis de tous les degrés n’ont de