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journal de la commune

amis et ses adversaires n’en demandent pas davantage. Accepté par la majorité, nous pouvons inférer que la majorité est animée des mêmes tendances. Proudhon Blanqui, singulier amalgame.

Le passage essentiel du manifeste est celui qui déclare que Paris demande, outre la reconnaissance et la consolidation de la République, « l’autonomie absolue de la Commune, étendue à toutes les localités de la France, et assurant à chacune l’intégralité de ses droits et à tout Français le plein exercice de ses facultés et de ses aptitudes comme citoyen, homme et travailleur, l’autonomie de la Commune n’ayant pour limite que le droit d’autonomie égal pour toutes les autres communes adhérentes au contrat, dont l’association doit assurer l’unité française… » L’énumération des droits inhérents à la Commune implique pour elle une autonomie vraiment absolue, sauf la réserve sous entendue des droits dont devrait jouir tout travailleur. Et l’unité française serait assurée (?) par la grande administration centrale, délégation des communes fédérées…

Ce traître mot absolu porte malheur à tous ceux qui l’emploient. Avec le mot d’autonomie relative, il est possible de discuter et même de s’entendre ; avec le mot d’autonomie absolue reconnue à chaque localité de France, dès qu’il s’agit d’un vaste pays habité par quarante millions d’hommes ou environ, dès qu’il s’agit de fleuves, routes, canaux, enseignement, commerce et justice, il est impossible de s’entendre ; le mot absolu qui est au fond de toute conception théologique est intraduisible dans la langue des affaires et de l’administration. Il va sans dire que l’autonomie absolue de toute localité française serait détruite en détail par le plein exercice de toutes les facultés et de toutes les aptitudes de tout homme, de tout citoyen et de tout travailleur, qu’elle serait détruite en haut par la grande administration centrale, délégation des Communes fédérées. Le programme affirme avec une assurance candide que les individus jouiront de tous les droits possibles et satisferont à toutes leurs aptitudes dans une Commune absolument autonome, sans que la moindre atteinte soit portée à l’unité française ; il ne semble pas même se douter que la réalisation de la théorie pourrait nous coûter quelques difficultés. Il décrète qu’il sera procédé immédiatement à la solution du fameux pro-