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journal de la commune

cinq ans, toute une olympiade. Et pour éviter des réélections qui auraient l’inconvénient de tenir les citoyens en haleine et de ne pas leur laisser perdre de vue la chose publique, on ne procédera dans l’intervalle du quinquennat à de nouvelles élections que si, par une épidémie de choléra, ou autrement, le nombre des conseillers se trouvait réduit de plus d’un quart.

Cinq ans ! c’eût été trouvé un trop long espace par les Athéniens qui ne vivaient pas comme nous, à la vapeur qui ne circulaient pas en chemin de fer, qui ne communiquaient point entre eux par le télégraphe. Cinq ans, c’est rendre le fonctionnaire indépendant de toute critique, c’est le mettre au-dessus des justes mécontentements : car on n’a plus le temps de se souvenir aujourd’hui, — quel est le méfait d’un administrateur, qui ne sera pas oublié dans cinq ans ! Le fonctionnaire s’immobilisera dans sa fonction, comme la moule dans sa coquille. Les fonctions seront gratuites, donc il n’y aura que de riches bourgeois pour les occuper. Les fonctions ne seront pas permanentes et ne s’exerceront que quatre fois par an, dix jours par session, soit quarante jours par an qu’il faudra trouver, toute autre affaire cessante : c’est fermer la porte à tout individu consciencieux qui n’est pas homme de loisir et d’une fortune complètement assurée.

Il serait si simple pourtant d’organiser un conseil municipal à l’instar du conseil d’administration d’une compagnie de chemins de fer ou de bateaux à vapeur, que les actionnaires nomment au moins de trois en trois ans, mais tous les membres renouvelables par tiers chaque année ! — Le Président du dit conseil d’administration, point n’est nécessaire que le gouvernement le nomme, c’est le conseil lui-même qui choisit le plus capable ou le plus respectable parmi ses membres. Et puis, quel besoin d’un maire dans une commune, quel besoin d’un Président dans une République, quel besoin d’avoir partout l’équivalent ou le diminutif d’un roi ? L’Assemblée nationale nomme son Conseil des ministres, présidé par l’un de ses membres, et le Conseil municipal se fait présider par le conseiller qui lui plaît le mieux.

Ainsi résolue, la question des maires eût évité à l’Assemblée un cruel embarras, et une honte de plus. Elle avait, à