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journal de la commune

Décrète :

Les chambres syndicales ouvrières sont convoquées à l’effet d’instituer une commission d’enquête ayant pour but :

1o De dresser une statistique des ateliers abandonnés ainsi qu’un inventaire exact de l’état dans lequel ils se trouvent et des instruments de travail qu’ils renferment ;

2o De présenter un rapport établissant les conditions pratiques de la prompte mise en exploitation de ces ateliers, non plus par les directeurs qui les ont abandonnés, mais par l’Association coopérative des travailleurs qui y étaient employés ;

3o D’élaborer un projet de constitution de ces sociétés coopératives ouvrières ;

4o De constituer un jury arbitral qui devra statuer, au retour des dits patrons, sur la concession définitive des ateliers aux sociétés ouvrières et sur la quotité de l’indemnité qu’ont à payer les ouvriers aux patrons.

Cette commission d’enquête devra adresser son rapport à la Commission communale des travaux et de l’échange, qui sera tenue de présenter à la Commune dans le plus bref délai, le projet de décret donnant satisfaction aux intérêts de la Commune et des travailleurs.

Bravo, Commune ! Voilà un décret que nous attendions. Tu auras eu le mérite de le formuler. Quelle gloire pour toi, quel bienfait pour le peuple travailleur, si tu le réalises !

Dimanche, 16 avril.

La veille même de l’attaque de Paris, le gouvernement de M. Thiers présentait à l’Assemblée un projet de loi municipale. La coïncidence est singulière ; entre Versailles monarchiste et Paris républicain, la controverse qui se débat à coup de canon n’est autre chose que la question municipale. Paris, affirme contre le pouvoir central le droit administratif, et jusqu’à un certain degré le droit politique des communes. Paris, la grande commune de France, a voulu émanciper ses sœurs en voulant s’émanciper elle-même. Je ne dis pas que ses prétentions, telles qu’elle les formule dans l’excitation de la lutte, ne soient pas exagérées ; comme il arrive toujours dans les différends, Paris exige d’autant plus qu’on veut moins lui accorder.