Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
journal de la commune

tigre. Tous les coups que les Prussiens eussent pu recevoir dans le dos, si MM. Trochu, Favre et Fourrichon l’eussent permis, nous nous les portons au cœur maintenant.

La confiance et l’espoir renaissent donc dans Paris, sauf que l’annonce d’un nouveau blocus a causé un émoi bien légitime dans la population. Les magasins de denrées sont encombrés d’acheteurs, on a presqu’assailli certaines boutiques des Halles, le lait fait défaut.

On lit dans le Soir :

La ligne de Lyon est coupée de même que celle d’Orléans. Paris est donc réduit pour ses approvisionnements aux seules lignes du Nord et de l’Est, occupées par les Prussiens.

On nous dit que Thiers et Favre poursuivent des négociations très actives avec les Prussiens pour qu’ils bloquent et affament Paris de leur côté ; mais ceux-ci ne se soucient pas d’intervenir à ce point : ils ont trop de plaisir à nous voir nous entredéchirant, il leur sera plus facile de nous dévorer après.

Il est douteux que les amis de la religion, de la famille et de la propriété réussissent à affamer Paris. Néanmoins il est juste de leur tenir compte de l’intention. Ce ne sera pas leur faute s’ils ne font pas périr de famine et de besoin cent mille vieillards, quatre cent mille femmes et un million d’enfants, rien que pour punir l’entêtement d’une poignée de factieux, l’opiniâtreté d’une bande de malfaiteurs. — « Que veulent donc ces scélérats ? — » « Hélas ! que Paris jouisse des mêmes franchises municipales que n’importe quelle ville d’Angleterre, d’Allemagne, des États-Unis, de Suisse et d’Espagne ».

Paris, 16 avril.
La Commune de Paris,

Considérant qu’une quantité d’ateliers ont été abandonnés par ceux qui les dirigeaient afin d’échapper aux obligations civiques et sans tenir compte des intérêts des travailleurs ;

Considérant que, par suite de ce lâche abandon, de nombreux travaux essentiels à la vie communale se trouvent interrompus, l’existence des travailleurs compromise ;