Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
124
journal de la commune

nence, confiscation et vol avec effraction des caisses publiques, arrestation et condamnation des honnêtes gens, élargissement des condamnés, appel aux armes des repris de justice, visites domiciliaires, réquisitions forcées, pillage des entrepôts et des maisons de banque, spoliation à main armée, enrôlement forcé des citoyens pour la guerre civile, prise d’otages, réhabilitation de l’assassinat, exercice systématique du brigandage sous toutes ses formes, voilà les bienfaits qu’assure à la ville de Paris une insurrection qui ne trouve pas assez libérales les lois votées par l’Assemblée.

« C’en est assez pour démontrer qu’il n’y a entre ses revendications et ses intentions, entre son langage et ses actes, aucun rapport ; entr’elle et ce qu’on appelle, à proprement parler, un parti politique, aucune similitude. Le mouvement qui a éclaté dans Paris ne porte en son sein aucune idée. Il est né d’une haine stérile contre l’ordre social. C’est la fureur de détruire pour détruire. C’est un certain fond d’esprit sauvage, un certain besoin de vivre sans frein et sans loi, qui reparait en pleine civilisation.

« Le mot de Commune se signifie pas autre chose. Il n’est que l’expression des instincts déréglés, des passions réfractaires qui s’attachent à l’unité séculaire de la France comme à un obstacle.

« Certains hommes trouvent que la France est trop forte, trop policée pour eux. Elle les soumet à une existence trop régulière. Il leur faudrait les guerres privées du moyen-âge, avec la vie aventureuse, les aubaines, les coups de mains et le droit du plus fort.

« Voilà pourquoi, au lendemain de l’invasion allemande, ils proposent à la France de se défaire de ses propres mains.

« Ils se révoltent contre la nécessité de vivre en pays civilisé, et ce qu’ils veulent, sous le nom de Commune, c’est, pour l’appeler de son vrai nom, le démembrement volontaire. »

« Le Journal officiel de Versailles du 10 avril contient la déclaration suivante :

« Au milieu des mortelles douleurs d’une lutte aussi insensée que criminelle, nous voudrions qu’il nous fût possible de faire entendre notre voix à la population de Paris, d’invoquer la raison, les bons sentiments de tous ceux que n’égare pas une inexplicable passion.