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journal de la commune

rable ; en foi de quoi M. le Ministre de la Justice lui fait porter une grande plaque de métal sur l’estomac.

Paris, 11 avril.

Presque simultanément, nous avons appris que les élections complémentaires de la Commune devaient avoir lieu hier et qu’elles n’ont pas été faites. C’est là une grosse faute. On n’appelle pas les citoyens à l’urne électorale pour leur dire : « Repassez une autre fois ! » La Commune actuelle n’existe que par le vote des citoyens, la Commune sera ce qu’un vote nouveau la fera : elle peut nous sauver, elle peut nous perdre.

Les raisons indiquées pour l’ajournement sont tellement judicieuses que nous ne comprenons pas qu’elles n’aient pas milité tout d’abord pour empêcher qu’on improvisât la convocation : Il est matériellement impossible de convoquer au scrutin les électeurs qui combattent aux remparts. Aucune liste de candidats ne circule dans le public. La Commune n’a fait aucune présentation de noms. Il est douteux qu’elle ait même arrêté avec ses amis les présentations à faire aux arrondissements. Puis, il n’y aurait pas possibilité de tenir la moindre réunion électorale et, sans plusieurs réunions préparatoires, il n’y a pas de choix sérieux. On prend au tas les premiers noms qui se présentent à la vue, on les jette dans la boîte. Ce sont les noms d’hommes intelligents, vous le voulez croire, des noms d’hommes honnêtes, vous l’espérez ; mais, honnêtes ou malhonnêtes, intelligents ou stupides, ces hommes n’en seront pas moins vos représentants, ils sont même vos maîtres et dictateurs, ils vont vous sauver ou vous perdre : vos vies, vos fortunes, votre honneur sont entre leurs mains ! — Voilà ce qui est arrivé pour les élections du 26 mars, et, quinze jours après, nous ne savons pas encore si nous sommes bien ou mal tombés. Nous le savons d’autant moins que la Commune ne publie aucun compte rendu de ses séances, qui restent closes et forcloses pour ses amis de Paris, non pour les ennemis de Versailles. Le Gaulois entr’autres qui publie des procès-verbaux, plus ou moins fantaisistes de ses réunions, plus ou moins grotesques, et qu’il prétend acheter d’un membre qui a le droit d’y délibé-