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l’homme et la terre. — rome

longtemps avant cette date : il ne leur manque que des annalistes. Parmi d’autres témoignages des anciennes habitudes de déplacement, on pourrait mentionner les fouilles de plus d’une station thermale. Ainsi à Vicarello, les « Eaux Apollinaires » des Romains, on découvrit la preuve évidente que des visiteurs venaient en foule demander la santé aux eaux salines acidulées jaillissant au bord du lac volcanique de Bracciano (Sabatinus). Au-dessous des offrandes précieuses de vases, de bijoux et de belles monnaies frappées, on a ramassé plus de cent kilogrammes de lingots d’airain, amas d’anciennes monnaies appartenant à l’époque rudimentaire des signes d’échange soumis au travail de l’homme. La strate sous-jacente fournit plus d’une demi-tonne d’airain brut composée des fragments de métal qui représentaient autrefois la valeur des marchandises, et par-dessous s’étendait une épaisse couche de silex taillés provenant de l’époque néolithique[1].

La prospérité des Etruriens paraît avoir atteint son plus haut développement à l’époque où la légende parle de la fondation de Rome, c’est-à-dire il y a de 25 à 27 siècles. Ils disposaient alors d’une puissance politique assez grande pour la faire sentir bien en dehors de leur domaine des Apennins du nord, jusque sur des rivages lointains de la Méditerranée. Ils envahissent la Campanie à la fois par terre et par mer et y fondent de nombreuses colonies : une deuxième Etrurie, aussi riche que celle du nord par son commerce et son industrie, naît dans l’Italie méridionale. Des villes étrusques entrent en rapports directs avec Athènes et déposent leurs métaux précieux dans le trésor de Delphes. Des alliances se nouent et se dénouent avec Carthage en vue de conquêtes et de privilèges commerciaux en Sicile et en Sardaigne. Placée au centre de la mer intérieure, l’Etrurie possédait la position dominante qui appartint plus tard à Rome d’une manière encore plus précise ; mais le siège de cette puissance se déplaçait fréquemment de l’une à l’autre ville de la confédération et n’avait pas cette solidité d’assises sans laquelle un empire militaire ne peut se constituer.

D’ailleurs, les éléments de faiblesse étaient venus en même temps que la fortune. Il est vrai, les Etruriens étaient en rapports

  1. G. Marchi, Revue archéologique, 1862.