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demeures des primitifs

les étages des maisons les uns aux autres et les font communiquer, en bas, avec les fontaines, en haut, avec la citadelle.

N° 22. Plan de Galeries souterraines
dans un Village de la Tunisie méridionale.
(Voir page 182.)

1. Entrée de l’habitation.
2. Rampes d’accès.
3. Chambre à loger les étrangers.
4. Citernes.
5. Ecuries.
6. Cours à ciel ouvert.
7. Chambres d’habitation.
8. Cuisines, dont une en plein air.

9. Magasin à blé.

Des figuiers, des amandiers, des pêchers glissent leurs racines dans les fissures de la roche, et la falaise est bordée de jardinets en terrasses où croissent les plantes à parfums, le thym, le romarin, la sauge[1]. C’est le Trôo que l’on doit citer comme le type le plus complet de l’habitation préhistorique : c’est l’endroit où la survivance de la vie des cavernes s’est le plus longtemps maintenue en progressant de manière à s’adapter aux usages modernes.

D’étranges accommodements se font en ces pays de troglodytes. Ainsi, près de Saumur, l’allée couverte de Pont-Touchard est devenue un cabaret, les buveurs sablent le vin mousseux sous les énormes dalles du dolmen. N’existe-t-il pas aussi dans les Indes des temples somptueux creusés dans le roc ? L’antique cité des morts divinisés se maintient à côté de la cité des vivants. Petra, la « Ville de la Pierre » aux merveilleux labyrinthes décorés de statues et d’inscriptions, n’est autre chose qu’un sépulcre immense, après avoir été une capitale de luxe et de faste royal, il y a dix-huit cents ans, sous des maîtres qui voulaient imiter Rome : ils n’avaient pas à transporter la pierre, il leur suffi-

  1. Ardoujn-Dumazet, Voyage en France, 1re série, p. 178-179.