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l’évolution, la révolution

les coopérateurs, ou du moins les ont détournés de la ferveur révolutionnaire des jeunes années. C’est là le plus redoutable péril, la nature humaine étant prompte à saisir des prétextes pour s’éviter les risques de la lutte. Il est si facile de se cantonner dans sa « bonne œuvre », en écartant les préoccupations et les dangers qui naissent du dévouement à la cause révolutionnaire dans toute son ampleur. On se dit qu’il importe avant tout de faire réussir l’entreprise à laquelle l’honneur collectif d’un grand nombre d’amis se trouve attaché, et peu à peu on se laisse entraîner aux petites pratiques du commerce habituel : on avait eu le ferme vouloir de transformer le monde, et tout bonnement on se transforme en simple épicier.