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souvenirs de l’inquisition

de sang qui s’acharne contre toute nouveauté, se tient pour immortelle aussi bien qu’infaillible. Torquemada semble mort, mais ses ossements s’agitent encore dans la tombe.

Cl. Z. Le Rouzic.

carnac. — dolmen de mané-kerioned

On reste stupéfait en constatant que pas une seule des anciennes religions n’a complètement disparu. Avec plus ou moins d’activité, toutes vivent en suivant le même cérémonial qu’il y a des milliers d’années. Dans la Grande Bretagne, pendant la nuit qui précède le 21 juin, les habitants des villages voisins de la plaine de Salisbury se rassemblent autour du cercle mégalithique de Stonehenge — du moins le faisaient-ils encore tout dernièrement —, puis, par un temps favorable, lorsque l’horizon de l’Orient reste dégagé de tout nuage ou brouillard, ils attendent religieusement le lever de l’astre. Ceux qui se trouvent au milieu de l’enceinte, sur la pierre centrale de l’autel, voient un instant le globe comme en équilibre sur la pointe du bloc dit Friar’s Heel, le « Talon du Moine » : On nous dit qu’en 1895 le spectacle de l’apparition fut d’une rare beauté[1]. Un littérateur écossais, William Sharp, a raconté[2]

  1. Nature, June 29, 1899, p. 204, 205.
  2. Note manuscrite.