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l’homme et la terre. — le nouveau monde et l’océanie

— Havaï-i — ; enfin, dans la Nouvelle-Zélande — Avaï-ki-tau-tau, Avaïki du « feu »[1].

Toutes les traditions orales font venir les Polynésiens de l’Occident et, d’ailleurs, les formes linguistiques pointent dans la même direction, vers la région malaise. Percy Smith désigne carrément l’Inde comme lieu d’origine de tous les insulaires du monde oriental[2]. Le souffle régulier des alizés, qui porte
Cl. du Globus.
pignon de maison commune aux iles palau
presque constamment dans la direction de l’est à l’ouest, c’est-à-dire en sens inverse du mouvement de migration des Indiens, différenciés ; graduellement en Indonésiens et en Polynésiens, cette marche des airs fut certainement un obstacle aux voyages maritimes, mais non pas un obstacle invincible, car le vent normal est souvent interrompu par des remous aériens de directions diverses : c’est ainsi que, dans les îles de la Société, le toerau, soufflant dans le sens du nord au sud, est assez fréquent ; les marins de Raïateia l’attendent pour cingler vers Taïti, sachant que, là, ils ne manqueront pas de retrouver bientôt la brise qui les ramènera dans la patrie. De même que le vent, le courant océanique présente dans ses allures quelques irrégularités qui facilitent les voyages dans le sens de l’Orient. Des courants latéraux sont déterminés par la forme et la position des îles et des récifs que vient heurter le flot ; mais le phénomène capital que les navigateurs durent utiliser est l’existence de ce contre-

  1. Paul Huguenin, Raiateia la sacrée, pp. 67-68.
  2. Hawaïki, the whence of the Maori, journal of the Polynesian society, sept. 1898 à mars 1899.