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l’homme et la terre. — latins et germains

durant leur belle période littéraire, au dix-neuvième siècle, le Danemark et la Norvège ont été animés chacun d’une impulsion différente. Les écrivains danois furent pessimistes pour la plupart, tandis que les Norvégiens étaient optimistes, pleins d’entrain et d’enthousiasme juvéniles. La cause de ce contraste frappant n’est-elle pas dans la situation politique des deux pays, l’un qui se sent
Cl. J. Kuhn, édit.
henrik ibsen, 1828-1906.
impuissant en face de l’Allemagne envahissante, l’autre qui, placé à côté de la Suède, se trouve plus éloigné du danger immédiat et commerce joyeusement avec le monde entier ? Les conditions du milieu cosmique se reflètent dans la vie sociale des peuples et dans la pensée de leurs écrivains : c’est à elles que les Scandinaves doivent leur si puissante originalité, et s’ils l’expriment d’une manière énergique, c’est grâce à leur liberté relative, plus grande, plus agissante que celle de la plupart des autres nations.

Cette initiative, ils en ont donné récemment une preuve nouvelle[1] en proposant la fondation d’une ligue pangermanique embrassant non seulement les peuples européens de souche teutonne, Allemands, Scandinaves, Hollandais, Flamands, Suisses du Nord, mais aussi les Anglais, « Bretons » germanisés, et les Canadiens et Américains de langue anglaise, quoiqu’il soit difficile de considérer ces derniers comme étant vraiment des Allemands de race dans la pensée de ses auteurs. Evidem-

  1. Bjoenstjerne Bjoernson, Berliner Tagblatt, avril 1903.